Puppet : utilisation de conditions dans les templates

Pour faire suite à l’article sur l’utilisation des templates, nous allons developper ici l’utilisation de structures conditionnelles dans
l’utilisation des templates.

Nous avions vu dans le précédent article une structure conditionnelle définie côté serveur. Dans le fichier proftpd.conf.erb , nous avions :

<% if @proftpd_chroot == true %>
 DefaultRoot ~
<% end %>

et dans le fichier /etc/puppet/manifests/nodes.pp :

node 'poste-client' {
        $proftpd_chroot         =  false
        include         ssh, motd, proftpd
}

Ainsi, il est possible de passer en paramètres, via la déclaration du noeud, des variables qui peuvent être utilisées dans une structure conditionnelle pour personnaliser un fichier de configuration en fonction du noeud.

Il est également possible de définir avec puppet des structures conditionnelles qui seront évaluées côté client, grace aux facts.

Imaginons maintenant que nous possédons 3 réseaux privés (192.168.0.0/24, 192.168.1.0/24, 192.168.2.0/24). Sur chacun de ces réseaux, la passerelle (192.168.0.254 ,192.168.1.254 ,192.168.2.254) fait également office de serveur ntp.
Nous voulons générer un fichier /etc/cron.daily/ntpdate en fonction du réseau sur lequel se trouve la machine ou est installé le client puppet :
Nous ne reviendrons pas sur la création du module puppet, abordée dans le précédent article mais on allons juste nous intéresser à la création du template.

La commande système facter permet de connaître la liste des variables affectée sur le client. Ainsi nous voyons que la variable network_eth0 permet de savoir sur quel réseau la machine est branchée (nous considérons que le client ne possède qu’une
interface réseau).

Nous pouvons donc definir le template ntpdate.erb de la manière suivante :

#!/bin/sh

<%if (@network_eth0=='192.168.0.0') then %>/usr/sbin/ntpdate 192.168.0.254<% end %>
<%if (@network_eth0=='192.168.1.0') then %>/usr/sbin/ntpdate 192.168.1.254<% end %>
<%if (@network_eth0=='192.168.2.0') then %>/usr/sbin/ntpdate 192.168.2.254<% end %>

Ainsi la structure conditionnelle est évaluée non plus en fonction de variable positionnées sur le serveur mais en fonction des variables positionnées par les facts sur le poste client.

Autre exemple, dans cet article, nous avions vu comment mettre en place un réplicat openldap en mode mirroir.
Si nous voulons « puppetiser » le fichier slapd.conf, nous remarquons que le fichier est identique sur ldap-1.be-root.com et ldap-1.be-root.com mis sauf pour les paramètres serverID et provider.
Avec ce que nous venons de voir, générer les deux fichiers slapd.conf à partir des templates et des variables positionnées par les facts devient très simple. Nous allons utiliser la variable hostname qui contient le nom court du client :

...
<% if (@hostname=='ldap-1'>) then %> serverID    1 <% else %> serverID      2 <% end %>
...
syncrepl   rid=001
           <% if (@hostname=='ldap-1'>) then %> provider=ldaps://ldap-2.be-root.com:636 <% else %> provider=ldaps://ldap-1.be-root.com:636<% end %>
           type=refreshAndPersist
...

Nous voyons donc que les structures conditionnelles permettent de simplifier les déclarations dans puppet et d’avoir une grande adaptabilité des templates.

Puppet : utilisation des templates

Dans les précédents articles ( installation de puppet et configuration simple ), nous avons vu comment installer et utiliser puppet à l’aide de fichiers de configurations statiques, ne variant pas d’un hôte à l’autre.

Dans cet article nous allons voir comment utiliser les templates. Un template est un fichier de configuration qui sera envoyé à un client mais dont le contenu sera adapté à ce dernier. Puppet fait usage du moteur de template ERB développé pour ruby. Les variable utilisés par les templates peut être soit des « facts », soit des variables positionnées manuellement.

Utilisation des facts

Les facts sont des scripts ruby (placés sous /usr/lib/ruby/facter/) et exécutés sur la partie cliente de puppet. Ces scripts positionnent des variables en fonction le l’environnement d’exécution. La commande système facter | less permet de lister les variables affectées.

Dans le précedent article, nous avons utilisé dans le module ssh des lignes du type name => $operatingsystem afin de déterminer le système d’exploitation du client. La variable $operatingsystem est positionnée par le fact operatingsystem.rb.

Dans l’exemple que nous allons détailler, nous allons utiliser des variables assignées par les facts pour générer un fichier /etc/motd sur les postes clients.

Tout d’abord, créons les répertoires du module que nous allons appeler motd :

mkdir -p /etc/puppet/modules/motd/{files,templates,manifests}

Ensuite, créons le fichier /etc/puppet/modules/motd/manifests/init.pp :

class motd::config {
        file {"/etc/motd":
                        owner  => 'root',
                        group  => 'root',
                        mode   =>  0644,
                        content=> template("/etc/puppet/modules/motd/templates/motd.erb"),
        }
}

class motd {
        include motd::config
}

La classe motd est plutôt simple puisqu’elle ne s’occupe du fichier /etc/motd.
Contrairement à un fichier statique dont la source serait définie par une syntaxe du type source => « puppet:///modules/files/motd », ici la syntaxe pour l’utilisation d’un template comporte le chemin absolu vers celui-ci (content=> template(« /etc/puppet/modules/motd/templates/motd.erb »)).

Créons notre fichier /etc/puppet/modules/motd/templates/motd.erb :

Welcome to <%= @hostname %> running <%= @operatingsystem %> <%= @operatingsystemrelease %> ( <%= @kernelrelease %> )
 * Documentation:  https://help.ubuntu.com

Les variables à inclure sont définies entre les balises <%= et %>.
hostname, operatingsystem, operatingsystemrelease et kernelrelease sont des variables affectées par les facts.

Afin d’utiliser la classe motd, il suffit de l’affecter à notre machine poste-client en modifiant le fichier /etc/puppet/manifests/nodes.pp :

node 'poste-client.be-root.com' {
        include         ssh, motd
}

Lorsque le puppet-agent du poste client aura mis en place la nouvelle configuration, nous obtenons le fichier /etc/motd :

Welcome to poste-client running Ubuntu 11.10 ( 3.0.0-15-generic )
 * Documentation:  https://help.ubuntu.com

Il est possible de créer ses propres facts. Ceci est expliqué dans la documentation de puppet

Un peu plus loin avec les templates

Il est possible de définir hôte par hôte des variables à utiliser dans les templates.
Nous allons voir dans cet exemple comment adapter la configuration du serveur proftpd.

Tout d’abord, créons l’arborescence du module proftpd :

mkdir -p /etc/puppet/modules/proftpd/{files,templates,manifests}

Créons le fichier /etc/puppet/modules/proftpd/manifests/init.pp :

class proftpd::install {
        package { "proftpd-basic":
                 ensure => latest,
        }
}

class proftpd::config {
        file {"/etc/proftpd/proftpd.conf":
                        owner  => 'root',
                        group  => 'root',
                        mode   => 0644,
                        content=> template("/etc/puppet/modules/proftpd/templates/proftpd.conf.erb"),
                        require=> Class["proftpd::install"],
                        notify => Class["proftpd::service"],
        }
}

class proftpd::service {
        service { "proftpd":
                        ensure     => running,
                        hasstatus  => true,
                        hasrestart => true,
                        enable     => true,
                        require    => Class["proftpd::config"],
        }
}

class proftpd {
        include proftpd::install, proftpd::config, proftpd::service
}

Si vous avez bien assimilé l’exemple de la classe ssh ainsi que la classe motd, la compréhension de ce fichier ne doit poser aucun problème.

Créons maintenant le fichier /etc/puppet/modules/proftpd/templates/proftpd.conf.erb :

# PROFTPD
# DON'T MODIFY THIS FILE DIRECTLY - MANAGED BY PUPPET
UseIPv6                         off
IdentLookups                    off
ServerName                      <%= @hostname %>
ServerType                      standalone
DeferWelcome                    off
MultilineRFC2228                on
DefaultServer                   on
ShowSymlinks                    on
TimeoutNoTransfer               600
TimeoutStalled                  600
TimeoutIdle                     1200
ListOptions                     "-l"
DenyFilter                      \*.*/

<% if @proftpd_chroot == true %>
 DefaultRoot ~
<% end %>

Port                            <%= @proftpd_port %>

MaxInstances                    <%= @proftpd_maxinstances %>

# Set the user and group that the server normally runs at.
User                            proftpd
Group                           nogroup

Umask                           022  022
AllowOverwrite                  on

TransferLog /var/log/proftpd/xferlog
SystemLog   /var/log/proftpd/proftpd.log

Nous remarquons que seule la variable hostname est fournie par un fact. Il nous faudra donc positionner les autres.
Nous remarquons que nous pouvons également mettre des instructions ruby dans les balises <% et %> (ici une condition if). Pour plus d’informations, consultez cette page.

Nous allons donc positionner les variables et assigner la classe proftpd à poste-client dans le fichier /etc/puppet/manifests/nodes.pp :

node 'poste-client' {
        $proftpd_chroot         =  false
        $proftpd_port           =  21
        $proftpd_maxinstances   =  25
        include         ssh, motd, proftpd
}

Ceci permet, à l’aide d’une seule classe, de pouvoir gérer plusieurs configurations différentes. Par exemple, on peut imaginer avoir :

node 'poste-client' {
        $proftpd_chroot         =  false
        $proftpd_port           =  21
        $proftpd_maxinstances   =  25
        include         ssh, motd, proftpd
}

node 'serveur-ftp' {
        $proftpd_chroot         =  true
        $proftpd_port           =  21
        $proftpd_maxinstances   =  300
        include         ssh, proftpd
}

Nous voyons donc qu’il est possible, à l’aide des templates, de pouvoir gérer efficacement et simplement des configurations différentes pour un même service.